dimanche 19 décembre 2010

Initiation Martiniste

Décembre 1940. La neige couvre Paris. En cette fin de soirée, à l’heure où le soleil pâle décline et se meurt à l’horizon rougi, quelques hommes sont assemblés dans une pièce située au dernier étage d’un immeuble du Quartier Latin. Vieille maison du XVIIIe siècle, au large et monumental escalier de bois. Dehors, dans les rues, sur les places, dans les cafés, partout, l’armée allemande, victorieuse. Partout aussi, les agents du Gouvernement de Vichy. La terreur règne sur les sociétés secrètes et sur les Illuminés. Perquisitions, saisies, arrestations, pleuvent sur les «hors-la-loi». Mais ici, c’est un autre monde...

Sur une table, recouverte d’une triple nappe, blanche, noire et rouge, emblème des trois Mondes, l’Epée à garde cruciale jette son éclat en travers de l’Evangile de Jean. Derrière, dans la clarté dansante de trois hauts cierges allumés et disposés en triangle, vaguement voilée par la fumée odoriférante, se dessine la silhouette imprécise de l’Initiateur, l’encensoir en mains. Il trace dans l’espace, d’un geste large et sûr, le Signe mystérieux.

Dans le silence des assistants, muets et recueillis, la voix grave continue la prolifération rituelle et les paroles du Sacramentaire sonnent claires et nettes, adjuratrices comme des litanies. Elles établissent, par delà l’Espace et le Temps, le pont qui doit unir les vivants et les morts. Et il semble que, soudain, la salle soit peuplée d’Invisibles Présences.

Précisée avec minutie, la cérémonie initiatique se déroule, pleine de grandeur. Le temps lui-même semble aboli.

Voici qu’un des assistants a enfin posé le masque emblématique, image du silence et du secret, sur le visage du récipiendaire. un autre l’a revêtu du grand manteau, symbole de prudence. Et un troisième l’a ceint de la cordelière, rappel de la «chaîne de fraternité».

Le lent office théurgique continue. Et, après la consécration du nouveau frère, la remise du nomen ésotérique, résonnent les ultimes paroles et la cérémonie touche à sa fin : «Puissiez-vous, mon frère, justifier la parole du Zohar : ceux qui auront possédé la Divine Connaissance luiront de toute la lueur des Cieux... Mais, ceux qui l’auront enseignée aux hommes, selon les Voies de la Justice, brilleront comme des Etoiles dans toute l’éternité !».

Une extraordinaire angoisse étreint le coeur de tous les assistants. Dans l’oratoire, où la fumée de l’encens dessèche les gorges, où il semble que toute la Vie se soit réfugiée dans ces petites flammes qui, hautes et droites, dansent, dansent, dansent, ce ne sont pas les vivants qui paraissent les plus réels. Et, sous les grands manteaux, les masques, les sautoirs de soie blanche, derrière le flamboiement des glaives, on ne croit voir que des défunts... Bien au contraire, les plus vivants, ce sont les Morts de l’Ordre, les «Maitres Passés», tout proche !

A l’appel de la parole, tous sont venus. Malgré les siècles, ils sont là, fidèles au rendez-vous magique : Henry Kunrath, l’auteur de l’Amphithéâtre de l’Eternelle Sapience, Séthon, le prestigieux «cosmopolite» mort sur les chevalets de torture de l’Electeur de Bavière, Cornelius Aggripa, médecin et alchimiste de Charles-Quint, mort de misère et de faim, Christian Rosenkreutz, le pèlerin de la Sagesse, Jacob Boehme, le savetier illuminé, Robert Fludd, à l’intelligence merveilleuse, mort dans un in-pace inquisitorial, Francis Bacon, qu’on soupçonne d’avoir été le grand Shakespeare, Martinez de Pasqually, le «maître» qui osait évoquer les Anges, Louis-Claude de Saint Martin, le porte-parole du «Philosophe Inconnu», Willermoz, dépositaire fidèle de son maître Martinez. Et tous les autres dont les noms échappent, et qui, officiers, grands seigneurs ou roturiers, sous le grand manteau à pèlerine, sous le catogan poudré, portèrent aux quatre coins de la vieille Europe, en ce XVIIIe siècle libérateur qui vit enfin se réaliser le grand dessein des Rose+Croix, le mystérieux écho de la Parole Perdue.

Et, dominant toutes ces ombres, voici qu’un autre se lève, faisant passer dans l’oratoire comme un grand souffle venu des régions où plane l’Esprit, l’Ame même de toutes les Fraternités ! Voici que, mystérieuse mais inspiratrice, inhumaine mais divine, incognestible mais illuminatrice, voici que passe l’ombre d’Elie Artiste.

Dehors, dans la nuit enfin tombée, Paris s’enrobe d’un silencieux manteau blanc. Il neige toujours. Et le froid devient plus piquant encore. Dans les rues, sur les places, partout, l’armée allemande, victorieuse. Par centaines, en représailles d’attentats anonymes, les otages tombent, fusillés. Dans quelques mois à peine, les premiers convois partiront des camps de concentration pour les travaux forcés sur le front de l’Est, l’Ost d’où on ne revient pas... Et, comme aux heures rouges du Moyen Age, la terreur règne sur les Illuminés. On s’est tout d’abord attaqué aux obédiences maçonniques libres-penseuses ou athées, uniquement occupées de politique pure. Puis aux obédiences spiritualistes. Enfin, on en est venu aux organisations para-maçonniques. Ceci a accoutumé l’opinion... Et, maintenant, on reprend la lutte séculaire, entravée par soixante-dix ans de libéralisme idéologique. Car, derrière la franc-maçonnerie et ses filiales, il y a autre chose à atteindre ! Ce qu’on veut abattre définitivement, c’est l’Hérésie, l’éternelle ennemie ! et, derrière l’Hérésie, son animateur séculaire : l’Occultisme. Enfin, voilà donc le grand mot laché... Cela, on ne le criera pas sur les toits, du moins, pas tout de suite ! mais, avant tout, ce seront ses archives, ses manuscrits, ses études doctrinales ou historiques, qui auront la vedette au cours des recherches. Mais, vainement !

Dans un livre, paru au printemps de la lourde année 1939, traitant du symbolisme des cathédrales gothiques, nous écrivions ces lignes, inconsciemment prophétiques :

«Si l’ouragan, matérialiste et négateur, réussissait à incendier le monde, si de nouveaux barbares, ravageant bibliothèques et musées, réalisaient la terrible prophétie d’Henri Heine, si le marteau de Thor écrasait définitivement nos vieilles cathédrales et leur merveilleux message, nous voudrions encore croire à la sauvegarde de l’essentiel savoir !»

«La tempête passée, dans un monde redevenu barbare, il se trouverait encore quelques hommes, suffisamment intuitifs, épris de mystère et d’infini, pour aller, pieusement et patiemment, raviver la lampe antique près du fameux linceul de pourpre où dorment les dieux morts.»

«Et, de nouveau, à travers la grande Nuit de l’Esprit, la flamme verte du savoir occulte guiderait les Hommes vers son merveilleux Royaume, l’éclatante et radieuse Cité Solaire des philosophes et des sages.»

Que la Paix, que la joie et que la Charité, soient en nos coeurs et sur nos lèvres, maintenant et toujours... Décembre 1940 : la dernière phrase du rituel des «Initiés de Saint-Martin» a répondu pour nous.

Robert Ambelain

jeudi 6 mai 2010

L'initiation

A notre plus jeune âge, dans l’espace fermé de nos petits copains d’enfance, nous affrontons la vie en pays bien connu et formons avec eux des échanges aux termes convenus. Je vis ce que tu vis et parlons le même langage. Je ne crains pas de paraître à tes yeux tel que je suis puisque toi aussi, usant des mêmes stratagèmes, tu avances et rencontres, comme nous tous bienheureux camarades, les joies de nos féeriques histoires. Ainsi, sûrs de nous, en totale confiance, nous jouons en toute liberté dans la vivifiante lumière du matin.

Voilà que le futur adulte, en nous, nous pousse vers d’autres cieux et quittant peu à peu le cours de notre enfance, nous allons plus ou moins chacun vers notre monde, attirés par de nouveaux paysages qu’il nous plait d’explorer. Les moments si heureux de nos jeux familiers laissent alors la place à des désirs plus intimes et secrets. Et l’autre, si différent de nous, que l’on raillait entre nous en passant, nous attire pour découvrir à deux la douceur d’un serment ou l’amertume d’un adieu. Monde très entier de notre adolescence, tu nous fais oublier toutes règles surfaites à nos yeux. Forts de la découverte de cet autre nous-mêmes, nous laissons là parents et autres directeurs de conscience pour montrer à chacun que nous avons le choix de notre destinée. Le cœur empli de la lumière de midi, nous jetons sur le monde un vrai regard d’envie.

Ainsi fortifiés par les joies de l’amour partagé, nous construisons nos rêves à tâtons, par touches successives, en veillant bien à rester attaché à l’âme sœur trouvée. Nous pouvons, alors, mettre à profit nos forces et convertir en biens nos efforts et nos peines pour connaître la douceur d’un foyer confortable et garant de notre lendemain. Tous les jours nous apportent leur lot d’apprentissages du bonheur et aussi, parfois, de quelques dérapages qu’il nous faut apprécier et convertir en points de repère et de gages de vraie solidarité. Et, si, nous aimant bien l’un l’autre, nous pouvons pardonner, nous connaissons alors la vraie valeur du don de soi à l’autre. C’est en découvrant nos faiblesses que l’on devient plus forts et que l’on peut regarder l’autre en face et se savoir aimé. Les épreuves gagnées sur nous mêmes ont assagi nos coeurs et nous font remercier, tous les jours, le ciel de nous avoir comblés de ses innombrables bienfaits. Le soleil de cette après-midi nous fait baigner dans la douce lumière de l’or que sont tous nos acquis patiemment engrangés.

Alors vient un jour à notre esprit l’insolite question de notre identité. Paraphrasant le philosophe ancien par un quelconque « Que suis-je ? », nous cherchons à savoir qu’est-ce qui, en nous, anime un esprit et un cœur. Serait-ce uniquement une sourde agitation cellulaire qui crée par sa propre densité une énergie générant la pensée ? Y aurait-il, ici, dans ce monde, une autre vérité que le naturel épanouissement de la matière en une conscience humaine ? Commence, alors, pour nous une volontaire et insatiable recherche. Tous les jours consacrant un temps particulier à explorer les écrits mystérieux de quelques penseurs éclairés, nous ouvrons notre esprit à cette dimension intérieure de notre être, jusque là négligée, et percevons, peu à peu, la nature de la voie de sagesse que notre âme reconnaît. Ainsi, tout doucement guidés, par le hasard peut-être, nous est proposé, par quelque proche ou ami apprécié, de nous joindre à une noble communauté de pensée. Brisant les dernières résistances des doutes d’un mental toujours prêt à rester en arrière pour ne pas affronter l’inconnu et la peur de nous être égarés, nous nous promettons de veiller à respecter tout ce que nous avons fait nôtre et à conserver en toutes circonstances notre totale liberté. Pour nous va s’ouvrir une capacité nouvelle. Notre être tout entier se prépare, en ce début de soirée, à connaître après un temps, encore, d’une troublante obscurité, le partage, la joie et la paix de l’accueil à la lumière de l’indicible et insondable vérité.

Plus tard, au soir d’un temps souvent trop court à nos yeux, nous regardons le chemin parcouru et revoyons, peut-être, les moments que nous avons perdus à courir après l’ombre, ne sachant pas encore que seule la lumière que l’on fait naître en nous est le reflet de l’Etre et qu’il nous appartient de lui donner vie et force pour, en toute humilité, retrouver en une ultime initiation la place dans la pleine lumière que nous n’avons jamais quittée.

La Loge Mère par R. Kipling

Il y avait Rundle, le chef de station,
Beazeley, des voies et travaux,
Ackman, de l’intendance,
Dankin, de la prison,
Et Blake, le sergent instructeur,
Qui fut deux fois notre Vénérable,
Et aussi le vieux Franjee Eduljee
Qui tenait le magasin "Aux denrées Européennes".
Dehors, on se disait : "Sergent, Monsieur, Salut, Salam".
Dedans c’était : "Mon frère", et c’était très bien ainsi.
Nous nous réunissions sur le niveau et nous nous quittions sur l’équerre.
Moi, j’étais second diacre dans ma Loge-mère, là-bas !

Il y avait encore Bola Nath, le comptable,
Saül, le juif d’Aden,
Din Mohamed, du bureau du cadastre,
Le sieur Chucherbutty,
Amir Singh le Sikh,
Et Castro, des ateliers de réparation,
Le Catholique romain.

Nos décors n’étaient pas riches,
Notre Temple était vieux et dénudé,
Mais nous connaissions les anciens Landmarks
Et les observions scrupuleusement.
Quand je jette un regard en arrière,
Cette pensée, souvent me vient à l’esprit :
"Au fond il n y a pas d’incrédules
Si ce n’est peut-être nous-mêmes ! "

Car, tous les mois, après la tenue,
Nous nous réunissions pour fumer.
Nous n’osions pas faire de banquets
De peur d’enfreindre la règle de caste de certains frères.
Et nous causions à cœur ouvert de religion et d’autres choses,
Chacun de nous se rapportant Au Dieu qu’il connaissait le mieux.
L’un après l’autre, les frères prenaient la parole
Et aucun ne s’agitait.
L’on se séparait à l’aurore, quand s’éveillaient les perroquets
Et le maudit oiseau porte-fièvre ;
Comme après tant de paroles
Nous nous en revenions à cheval,
Mahomet, Dieu et Shiva
Jouaient étrangement à cache-cache dans nos têtes.

Bien souvent depuis lors,
Mes pas errant au service du Gouvernement,
Ont porté le salut fraternel
De l’orient à l’Occident,
Comme cela nous est recommandé,
De Kohel à Singapour
Mais combien je voudrais les revoir tous
Ceux de la Loge-Mère, là-bas !
Comme je voudrais les revoir,
Mes frères noirs et bruns,
Et sentir le parfum des cigares indigènes
Pendant que circule l’allumeur,
Et que le vieux limonadier
Ronfle sur le plancher de l’office.
Et me retrouver parfait Maçon
Une fois encore dans ma Loge d’autrefois.
Dehors, on se disait : »Sergent, Monsieur, Salut, Salam ».
Dedans c’était : " Mon frère", et c’était très bien ainsi.
Nous nous réunissions sur le niveau et nous nous quittions sur l’équerre.
Moi, j’étais second diacre dans ma Loge-mère, là-bas !

Le Cimetière d'Amboise pr Louis Claude de Saint-Martin

J’aime à porter mes pas dans l'asile des morts.
Là, mourant au mensonge, il me faut moins d'efforts
Pour comprendre leur langue et saisir leur pensée,
Car les morts ne l’ont pas, cette idée insensée,
Que tout s'éteint dans l'homme.
En eux, tout est vivant.

Pour eux, plus de silence.
Autour d'eux l'on entend
Les sanglots du pécheur; les fureurs de l'impie;
Les cantiques du sage; et la douce harmonie
De ceux dont l'amitié, le zèle et la vertu
N'ont formé qu'un seul coeur pendant qu'ils ont vécu.

Homme, c'est ici bas qu'il a pris la naissance,
Ce néant où l'on veut condamner ton essence;
Et c'est ta propre erreur qui lui sert de soutien.
Tu sais tout! tu peux tout! et tu peux n'être rien!...
N'être rien!... et saisir et juger la lumière!...
Laisse à l'homme égaré ces rêves de la terre
Nous n'étions qu'assoupis dans nos corps ténébreux.

Les Vers d'or des Pythagoriciens

Je vais parler au Sage : éloignez les profanes
Vers de Pythagore, conservé par Stobée, Serm. 39


PREPARATION


Rends aux Dieux immortels le culte consacré;
Garde ensuite ta foi : Révère la mémoire
Des Héros bienfaiteurs, des Esprits demi-Dieux.


PURIFICATION


Sois bon fils, frère juste, époux tendre et bon père,
Choisis pour ton ami, l’ami de la vertu ;
Cède à ses doux conseils, instruis-toi par sa vie,
Et pour un tort léger ne le quitte jamais ;
Si tu le peux du moins : car une loi sévère
Attache la Puissance à la Nécessité.
Il t’est donné pourtant de combattre et de vaincre
Tes folles passions: apprends à les dompter.
Sois sobre, actif et chaste; évite la colère.
En public, en secret ne te permets jamais
Rien de mal; et surtout respecte-toi toi-même.

Ne parle et n’agis point sans avoir réfléchi.
Sois juste. Souviens-toi qu’un pouvoir invincible
Ordonne de mourir; que les biens, les honneurs
Facilement acquis, sont faciles à perdre.
Et quant aux maux qu’entraîne avec soi le Destin,
Juge-les ce qu’ils sont: supporte-les; et tâche,
Autant que tu pourras, d’en adoucir les traits :
Les Dieux, aux plus cruels, n’ont pas livré les sages.

Comme la Vérité, l’Erreur a ses amants :
Le philosophe approuve, ou blâme avec prudence ;
Et si l’Erreur triomphe, il s’éloigne, il attend.
Ecoute, et grave bien en ton coeur mes paroles :
Ferme l’oeil et l’oreille à la prévention ;
Crains l’exemple d’autrui; pense d’après toi-même :
Consulte, délibère, et choisis librement.
Laisse les fous agir et sans but et sans cause.
Tu dois dans le présent, contempler l’avenir.

Ce que tu ne sais pas, ne prétends pas le faire.
Instruis-toi : tout s’accorde à la constance, au temps.

Veille sur ta santé : dispense avec mesure,
Au corps les aliments, à l’esprit le repos.
Trop ou trop peu de soins sont à fuir ; car l’envie,
A l’un et l’autre excès, s’attache également.
Le luxe et l’avarice ont des suites semblables.
Il faut choisir en tout, un milieu juste et bon.


PERFECTION


Que jamais le sommeil ne ferme ta paupière,
Sans t’être demandé : Qu’ai-je omis ? Qu’ai-je fait ?
Si c’est mal, abstiens-toi; si c’est bien, persévère.
Médite mes conseils; aime-les; suis-les tous :
Aux divines vertus ils sauront te conduire.
J’en jure par celui qui grava dans nos coeurs,
La Tétrade sacrée, immense et pur symbole,
Source de la Nature et modèle des Dieux.
Mais qu’avant tout, ton âme, à son devoir fidèle,
Invoque avec ferveur ces Dieux, dont les secours
Peuvent seuls achever tes oeuvres commencées.
Instruit par eux, alors rien ne t’abusera :
Des êtres différents tu sonderas l’essence ;
Tu connaîtras de Tout le principe et la fin.
Tu sauras, si le Ciel le veut, que la Nature,
Semblable en toute chose, est la même en tout lieu :
En sorte qu’éclairé sur tes droits véritables,
Ton coeur de vains désirs, ne se repaîtra plus.
Tu verras que les maux qui dévorent les hommes,
Sont le fruit de leur choix; et que ces malheureux
Cherchent loin d’eux les biens dont ils portent la source.
Peu savent être heureux: jouets des passions,
Tour à tour ballottés par des vagues contraires,
Sur une mer sans rive, ils roulent aveuglés,
Sans pouvoir résister ni céder à l’orage.

Dieu ! vous les sauveriez en dessillant leurs yeux...
Mais non : c’est aux humains, dont la race est divine,
A discerner l’Erreur, à voir la Vérité.
La Nature les sert. Toi qui l’as pénétrée,
Homme sage, homme heureux, respire dans le port.
Mais observe mes lois, en t’abstenant des choses
Que ton âme doit craindre, en les distinguant bien ;
En laissant sur ton corps régner l’intelligence,
Afin que, t’élevant dans l’Ether radieux,
Au sein des Immortels, tu sois un Dieu toi-même !

dimanche 8 mars 2009


La Papesse

Cette deuxième lame du tarot de Marseille est associée symboliquement à la lettre Beith de l'alphabet Hébraïque. La dualité, présente sur le plan du principe dans la lettre Aleph, trouve ici son expression dans le monde visible.

(
Suite de cet article très prochainement !)

dimanche 25 janvier 2009

Tarot de Marseille - Le Bateleur



Nous allons débuter l'étude du Tarot de Marseille en utilisant la version du Maître-Cartier du moyen age Jean Noblet. Il s'agit du plus ancien Tarot de Marseille connu puisque daté de 1650.

La première Arcane, "Le Bateleur", que nous pouvons symboliquement rapprocher de la 1ère lettre hébraïque "Aleph", nous présente un personnage debout devant une table à trois pieds (le quatrième est caché) sur laquelle sont posés trois objets principaux :
  • le Denier
  • l'Epée
  • la Coupe
Nous retrouvons ici les trois couleurs du jeu de Tarot. La quatrième est ici présente dans la main de notre personnage :
  • le Bâton
Ces quatres symboles sont à rapprocher des quatre éléments de la Science Sacrée :
  • la Terre (associée au Denier)
  • le Feu (associé à l'Epée)
  • l'Eau (associée à la Coupe)
  • l'Air (associé au Bâton)
Le quatrième pied de la table, invisible quant à lui, nous suggère que l'invisible soutient le visible.

Le chapeau de notre personnage, en forme de 8 couché, symbolise l'Infini.




Parlons maintenant de la lettre hébraïque qui lui est associée. Il s'agit, comme je l'ai dis plus haut de la lettre Aleph. Première des trois lettre "Mères" (les deux autres étant Mem et Shin), son graphisme introduit la notion de dualité. Dualité que l'on retrouve dans le Temple de Salomon à travers ses deux célèbres colonnes : Jakin & Boaz.

Le Sepher Yetsirah nous dit à ce sujet : "Vingt-deux lettres fondamentales : trois mères, sept doubles et douze simples. Les trois mères sont Aleph, Mem, Shin. Elles reposent sur le plateau du mérite et sur le plateau du devoir;la langue du pacte est l'équilibre entre les deux. Trois mères, Aleph, Mem, Shin. Mem est bourdonnant, Shin est sifflant et Aleph est le souffle de l'air qui équilibre les deux".

Nous parlons ici de l'Essence.

Le Zohar nous dit : "Quand l'Inconnu des inconnus voulut se manifester, il commença par produire un point. Tant que ce point lumineux n'était pas sorti de son sein, l'infini était encore complètement ignoré et ne répandait aucune lumière."

Le Bateleur (Arcane I), symbolise le "Un" et se tient devant son trépied magique où trônent les quatre couleurs des quatre éléments.

Au Nombre Un , on a donné le nom d'As (Az en vieux français). Les quatre As du tarot expriment le quaternaire de l'Etre essentiel.

"Reconnais Dieu et toi-même dans la lumière de Dieu et celle de la nature, ces deux lumières Dieu verse en toi, pour que semblable à Lui tu deviennes, c'est un dieu quadruple, tu peux le croire !" (Manuscrit d'Altona)